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Harriet Monroe, ed. (1860–1936). The New Poetry: An Anthology. 1917.

Dans un Omnibus de Londres

Ezra Pound

LES yeux d’une morte aimée

M’ont salué.

Enchassés dans un visage stupide

Dont tous les autres traits étaient banals,

Ils m’ont salué.

Et alors je vis bien des choses

Au dedans de ma memoire

Remuer,

S’éveiller.

Je vis des canards sur le bord d’un lac minuscule,

Auprès d’un petit enfant gai, bossu.

Je vis les colonnes anciennes en “toc”

Du Parc Monceau,

Et deux petites filles graciles,

Des patriciennes

aux toisons couleur de lin,

Et des pigeonnes

Grasses

commes des poulardes.

Je vis le parc,

Et tous les gazons divers

Où nous avions loué des chaises

Pour quatre sous.

Je vis les cygnes noirs,

Japonais,

Leurs ailes

Teintées de couleur sang-de-dragon,

Et toutes les fleurs

D’Armenonville.

Les yeux d’une morte

M’ont salué.